
Déclaration de la FNEC-FP-FO au CSA-SD du 13 février 2024 |
Mesdames et messieurs les membres du CSA Spécial Départemental,
Interrogée par les médias, l’ex ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques Mme Oudéa-Castéra avait déclaré que ses enfants étaient scolarisés à l’Ecole publique avant de rejoindre l’école privée : « La frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées. Et à un moment, on en a eu marre comme des centaines de milliers de familles qui ont fait un choix d’aller chercher une solution différente. »
La Ministre avait raison sur un point : il y a bien un problème de remplacement, ce gouvernement en est responsable. C’est à l’État de garantir le remplacement des enseignants absents.
Ces problèmes de remplacement sont le fruit d’une politique de destruction de l’école publique par les gouvernements successifs. Rappelons que des milliers de postes ont été supprimés ces dernières années. Pour le SNUDI-FO 29, il faut d’urgence annuler les 30 suppressions de postes, ces 66 fermetures de classes et recruter les personnels nécessaires.
Les collègues des écoles de Brest 4 Moulins, Berrien, Saint-Segal, Ker Avel Plougastel Daoulas, Plourin les Morlaix maternelle, Lesneven maternelle, Ferdinand Buisson et Goraguer de Quimper, Saint Pol de Léon, Plouarzel,… demandent le maintien de leur poste dans leur école et nous ont confié leur dossier pour que nous les défendions aujourd’hui nous en reparlerons.
La question de l’attractivité du métier est une autre source d’explication des problèmes de remplacement. Car quand bien même les postes seraient créés, le métier de professeur n’attire plus assez de candidats. La dégradation des conditions de travail est réelle : collègues non remplacés dont les élèves sont répartis dans les classes des autres enseignants, gestion d’élèves de plus en plus complexes, inclusion systématique, manque d’AESH, absence de plus en plus récurrente de réponse de l’administration. Chacune des 15 circonscriptions du département est touchée.
Pour le SNUDI-FO 29, les élèves orientés dans les IME et ITEP ont des besoins particuliers et il est inacceptable que ces mêmes élèves ne bénéficient pas de la prise en charge adaptée à leurs troubles. Ces conditions de scolarisations sont insupportables pour les élèves, pour leurs familles, et pour les enseignants. Cela conforte notre revendication d’abandon de l’acte II de l’inclusion scolaire, exigence qui a été portée au Ministère par la Fédération FO de l’enseignement lors de la manifestation nationale du 25 janvier par 5 000 personnels. Nous ne voulons pas plus la mise en place des PAS qui n’ont aucune existence légale, puisque l’article 233 de la loi de finances censé les créer, a été censuré le 28 décembre par le Conseil constitutionnel, que nous ne voulons de la fusion des AESH et des AED, ou encore de la disparition/dissolution des établissements médicaux sociaux qui ne visent qu’à faire des économies sur le dos des élèves en situation de handicap.
Et bien évidemment subsiste la question essentielle des salaires. Les enseignants français sont sous-payés (15% de moins que la moyenne de l’OCDE, alors que le nombre d’élèves par classe primaire est 15% supérieur à la moyenne dans l’Union européenne, et que le nombre d’heures de classe est de 22% supérieur à la moyenne dans l’UE). Compenser la perte de pouvoir d’achat depuis le 1er janvier 2000, cela implique d’augmenter à minima de 27,5% la valeur du point d’indice. Qu’attend la nouvelle ministre ?
La désormais ex Ministre a-t-elle annoncé qu’elle créerait les postes qui font défaut, qu’elle revaloriserait les personnels, qu’elle sauverait l’enseignement spécialisé pour rétablir des conditions d’enseignement normales ? Nous pourrions avoir l’illusion que puisque Madame la ministre se plaint de ce dont souffrent des millions de parents d’élèves, c’est qu’elle mesure l’urgence de recréer les postes et recruter, l’urgence de revaloriser les salaires, l’urgence de revenir sur les réformes qui abiment l’école publique. Mais non, ce gouvernement n’a pas l’intention de prendre les mesures indispensables pour répondre à la situation.
La grève appelée à l’initiative des organisations FSU, FNEC FP-FO, CGT-Éduc’action, SUD-Éducation, SE-UNSA, SGEN-CFDT, a été suivie en masse. Ce sont près de 1500 collègues qui ont défilé à Brest et 900 à Quimper. Avec les syndicats du département, les personnels exigent la satisfaction des nombreuses revendications et notamment : « augmentation réelle et significative des salaires », « annulation des fermetures de postes de professeurs des écoles, des suppressions d’ETP de professeurs dans le 2nd degré, et l’ouverture de tous les postes nécessaires », et plus généralement aucune fermeture de classe, d’école ou d’établissement », « création des places nécessaires dans les établissements sociaux et médico-sociaux », « un statut de fonctionnaire et un vrai salaire pour les AESH », « abandon des mesures prises dans le cadre de l’acte 2 de l’Ecole inclusive ».
Il est temps de mesurer la colère des personnels, qui font à nouveau la jonction avec les parents et les élus. Cela a abouti il y a peu au retrait du projet d’expérimentation d’uniforme par le maire de Plouisy après le rassemblement de 100 parents et enseignants.
En analysant le projet de carte régional puis départemental nous avons quelques remarques/questions :
Le recteur justifie le fait que depuis des années, le P/E dans l’académie décroche de plus en plus du P/E national, car les moyens vont là où il y a des besoins et l’académie a les meilleurs résultats scolaires.
Ainsi, la répartition des retraits de postes de PE par département n’a rien à voir avec la démographie :
22 = -125 él., -14 postes (1 poste pour 8,33 él.)
29 = -676 él., -30 postes (1 poste pour 22,53 él.)
35 = -695 él., -3 postes (1 poste pour 231,66 él.) nous perdons 10 fois plus de postes alors que nous perdons moins d’élèves que le 35.
56 = -308 él., -8 postes (1 poste pour 38,5 él.)
Aucune réponse n’a été apportée lors du CSA A pour expliquer cette différence entre le 29 et le 35 ou le 29 et le 56 ? Comment pouvez-vous expliquer ces chiffres ?
Nous vous redemandons ici pourquoi le nombre de personnels 1er degré en situations diverses est très bas dans le 29 par rapport à tous les autres départements ? Pourquoi en avons-nous plus de 2 fois moins par exemple que le Morbihan qui pourtant a beaucoup moins d’emplois que dans le 29 ? Est-ce également sur cette ligne que vous comptez prendre le ½ poste pour l’USEP pour respecter la convention signée le 30 janvier ou le Ministère va-t-il revoir sa copie ?
Le recteur a répondu que le choix de réallocation des moyens pour les élèves qui en ont le plus besoin. Les bons résultats scolaires de l’académie font que les moyens vont ailleurs. Est-ce à dire que les enseignants et les élèves sont pénalisés du fait de leurs bons résultats ? Ils apprécieront…
Nous vous demandons ce que signifie Moyens hors la classe « décharges de formation à l’enseignement bilingue français-breton » ? Qu’est ce que c’est ? Pourquoi est-ce mis dans la balance des fermetures ? Tout comme le poste CDOEA ? pourquoi est-il pris sur les postes classes ? Nous demandons que ces postes soient pris sur d’autres moyens que ceux des postes devant élèves.
Pourquoi avoir fusionner les élèves allophones avec les enfants du voyage ?
Pour terminer sur une note positive même si il a été difficile d’en trouver une, nous apprécions le geste en faveur de la brigade qui doit être réabondé de 5 postes. Alors même si nous pensons que cela reste insuffisant au regard des besoins, cela permettra surement un peu plus de souplesse dans la gestion à ce jour catastrophique du remplacement.
Pour toutes les raisons évoquées, FO votera contre ce projet de carte scolaire qui ne répond pas aux besoins des personnels et qui contribuera si toutefois il était néanmoins adopté à la dégradation des conditions de travail des personnels que nous représentons.